Bordeaux maritime

Pierre Cétois

Bordeaux maritime

Pierre Cétois. 25 novembre 1930, Bordeaux - 15 décembre 2014, Bordeaux
Le 17 mai 1943, Pierre Cétois a 13 ans quand retentissent les bombardements meurtriers américains qui faillirent anéantir toute la famille Cétois boulevard Godard. En septembre 1944, la famille Cétois déménage, Bacalan devient le quartier adoptif de Pierre. Son père est alors employé municipal et sa mère tient une blanchisserie. Henri et Christian complètent la fratrie.

La Marine Marchande et les travaux publics

Cet évènement marquant de sa vie l'a exilé, avec son frère Henri, pour 15 mois au château Terrien près de Lussac, où il obtient son certificat d'étude primaire. A 16 ans, Pierre Cétois entre à l'école d'apprentissage de la Marine au Château Descas et ressort deux ans plus tard avec un brevet de marin. Son esprit, en quête d'aventures, le pousse à embarquer sur cargos et paquebots mixtes pour faire le tour du monde, à plusieurs reprises. De la Norvège à l'Argentine, de Marseille à Saïgon, Pierre Cétois bourlingue. Douze ans plus tard, guéri de l'air du large, il quitte la Marine marchande et rejoint la terre ferme. Il épouse Rose, une Bacalanaise, avec qui il aura trois enfants. Leur première maison voit le jour à Bacalan, 3 autres suivront.
Pendant 6 ans, Pierre est coffreur aux Chantiers modernes puis entre à la Lyonnaise des eaux où il terminera sa carrière en qualité de surveillant de travaux.

Bacalanais de souche, engagé

En 1990, Pierre Cétois, part à la retraite. Il se lance dans un examen du patrimoine industriel restant de Bacalan et dans les souvenirs des usines qui faisaient vivre alors les milliers d'ouvriers : la raffinerie Saint-Rémi, les aciéries de Longwy, les réparations navales. Le port autonome a perdu également le port de Bordeaux et ses dockers, exilés à Bassens.

"Bacalan Beach, Bacalan story"

Homme de culture, Pierre Cétois aime se documenter sur le développement démographique de Bacalan. C'est ainsi que naît en 2007 l'ouvrage "Bacalan Beach" (Edition Pleine page), qu'il coécrit avec l'éditeur Didier Périz, qui recense de nombreuses archives et documents et présente l'histoire des Bassins à flot.
Deux ans plus tard, Pierre Cétois contribue activement à la sortie du livre de Didier Periz "Bacalan story" qui met en relief et fixe pour la postérité la mémoire collective des habitants, parfois même celle des générations précédentes : la  pêche, la voile, le football (Bordeaux Athlétic Club), la Bacalanaise et ses nageurs qui s'entraînaient dans les docks, leur piscine dans la passe, sous le pont du Pertuis, les basketteurs et basketteuses de la Régie du gaz et de l'électricité, l'école des filles, celle des garçons rasée le 17 mai 1943...

Une vie, deux combats

Lorsque le projet de tramway voit le jour, Pierre Cétois, inquiet, aidé du comité de défense du quartier se penche sur le devenir des installations existantes (ponts tournants et grande écluse). Le projet prévoit à l'époque la suppression de ces ouvrages d'art, conçus en leur temps avec une ingénierie mécanique remarquable. L'étude comporte le remblaiement de la passe, la disparition des portes et des ponts tournants, la suppression de facto de l'utilisation définitive des cales sèches. Pierre Cétois s'oppose à ce projet : et si les réparations navales reprenaient du service dans le futur, par quel endroit du bassin rentreraient les bateaux après l'obstruction de la passe ? Pierre Cétois mène bataille et grâce à la forte mobilisation des Bacalanais gagne : le tramway passe sur les ponts tournants, au dessus de la grande écluse.
Lorsque le pont du Pertuis est détruit, à la demande des plaisanciers, Pierre Cétois se bat pour ce dernier pont à culasse existant en France. Ce dernier ne pourra malheureusement pas être sauvé.

Une vie au fil de l'eau¿

Toute sa vie durant, Pierre Cétois aura eu un pied sur un bateau.
A 17 ans, il construit son premier bateau pour naviguer sur la Garonne. Pierre sera ensuite marin, sur le Foucault, le Brazza, le Pasteur, le Jamaïque, et enfin, sur son voilier emblématique, la Godille, et puis le dernier, le Beauf avec lequel à plus de 80 ans il tirait encore quotidiennement les avirons sur ses chers Bassins à flot.
"Pierre est parti, la parole manque, sa parole dédiée, riche de mots, d'humour et d'énergie. Parole fière, digne, colorée, droite."
Didier Périz