Royaume de France (1453 - 1715)

Entrée des Français à Bordeaux, 23 juin 1451.
Gravure sur acier de Thibault, fin 19e siècle. © Archives municipales / XLV A 7
Charles VII décide en 1453 la reconquête de la ville. Avec l’aide de l’artillerie de Jean Bureau, il gagne aisément les batailles et se fixe comme nouvel objectif, Castillon. Une mauvaise stratégie de John Talbot lors de la bataille donne définitivement l’Aquitaine et Bordeaux à Charles VII, le 17 juillet 1453. Un traité est conclu le 9 octobre 1453, mais il est peu clément envers la ville, qui doit payer une amende et voit ses privilèges suspendus.

L’époque française qui s’ouvre alors à Bordeaux, après trois siècles passés sous le gouvernement anglais, est difficile pour ses habitants qui ne souhaitent pas ce changement. 2 000 personnes partent pour l’Angleterre, et les responsables de la rébellion sont bannis. Dès 1454 la Jurade est rétablie, les activités commerciales sont encouragées et les bourgeois retrouvent des privilèges. La même année, la défense de la ville est renforcée par la construction du Fort du Hâ et du château Trompette. En 1462, Louis XI institue le Parlement de Bordeaux au palais de l’Ombrière.

De 1469 à 1472, Bordeaux redevient capitale provinciale avant d’être définitivement unie à la couronne de France. Bien que méfiant, Louis XI, est cependant généreux avec la ville, il fait notamment des dons importants. Mais l’économie fait les frais de la réduction des échanges vers l’Angleterre. Bordeaux ne retrouve un trafic portuaire important que dans les dernières années du siècle.
Le Palais de l'Ombrière
Reconstitution en image de synthèse
Les 16e et 17e siècles, situés entre deux grandes périodes d’expansion commerciale, furent moins opulents bien que le port continue de prospérer. Le quartier des Chartrons voit le jour. A cette période, Bordeaux devient un important foyer culturel, et la création du collège de Guyenne en 1533, permet la formation de plusieurs générations d’humanistes, dont Montaigne. C’est également au 16e siècle que les institutions se mettent en place. Le gouverneur représente le Roi en Guyenne. Il nomme les membres du Parlement et le maire. Les jurats, quant à eux, gardent un pouvoir de police et les privilèges urbains. Mais face aux pressions fiscales, les marchands s’insurgent au mois d’août 1548. La ville est alors privée de ses libertés communales pendant un an. Ce n’est que douze ans plus tard, que le Roi, Charles IX, rendra à l’Hôtel de ville sa Grosse Cloche confisquée et les clés de la ville. L’autorité royale est tout de même renforcée en matière fiscale et religieuse avec l’Edit de Nantes sous le règne de Henri IV. Les libertés municipales sont réduites d’avantage encore par son fils Louis XIII.
Reconstitution du château Trompette
Aquarelle de A. Haon, vers 1927. © Archives municipales / XXI L 177
Le milieu du siècle est marqué par les épidémies, les disettes, et la guerre de Trente Ans, conflit religieux et politique qui embrase l'Europe de 1618 à 1648. Le climat de la ville se détériore encore avec trois frondes successives, faisant de Bordeaux le plus important foyer de révolte après Paris. Les premières hostilités, en 1649, opposent le Parlement au gouverneur d’Epernon, qui refuse d’éloigner les troupes qui campent autour de la cité. Le gouverneur finit par battre en retraite. La seconde fronde éclate en 1650 lorsque la Princesse de Condé se réfugie avec son fils à Bordeaux après l’arrestation de son mari, le Grand Condé, en conflit avec Mazarin, successeur de Richelieu auprès du roi de France, Louis XIV. De sanglants combats ont lieu pour résister aux troupes royales, mais les Bordelais obtiennent l’amnistie.

En 1651, la fronde de l’Ormée voit s’affronter le Parlement aux Bordelais pour des raisons qui restent peu claires. Cette révolte populaire se poursuit l’année suivante par l’attaque des quartiers bourgeois de la ville. Le gouvernement reste ferme et la paix est conclue en 1653 malgré l’agitation. L’occupation militaire de la ville, la répression des émeutes, l’exil du Parlement, la diminution des privilèges et l’extension des défenses du château Trompette mettent un terme à ces révoltes.

La centralisation monarchique, dont les Intendants sont les instruments, l’assainissement des finances et le développement du commerce international en direction des "Isles" acheminent définitivement la ville vers l’épanouissement qu’elle connaîtra au 18e siècle.
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