Les bibliothécaires racontent...

Poétiques, insolites ou populaires, les thèmes retenus symbolisent les approches personnelles de chacun et sont autant de références au patrimoine littéraire, philosophique, ou cinématographique.
Marianne
Cinéphile, j’ai choisi mes documents comme on choisit les éléments d’un scénario : une dose d’aventure, d’humour et de grâce auxquels j’ajouterais une belle photographie et des stars (bordelaises évidemment !).

Géraldine
Pour une fois, j’ai fait l’école buissonnière... Contrairement à nos habitudes professionnelles – organiser, classer, ranger – j’ai joué le jeu de la sélection par "butinage" dans nos vastes fonds. Les documents "coups de coeur" que j’ai choisi de vous présenter n’ont pas d’autre lien entre eux que le simple fait de m’avoir tapé dans l’oeil par leur beauté, leur technique, leur sujet ou encore leur auteur.
C …
Dix livres, c’est bien peu comparé à toutes les merveilles que l’on croise au fil des jours. A y regarder de près, j’ai fait en majorité des choix de bibliothécaire. C’est une vocation, je ne peux pas m’en départir, et définitivement ça ne me gêne pas. Les choix relèvent de mes plaisirs quotidiens, de mes îlots de satisfaction.
Marie-Lise
Citoyenne du monde, je m’intéresse à l’histoire et à la vie des peuples du Nord, de l’Est et de l’Ouest, mais ce qui tour à tour me transporte et m’exaspère, me désole et m’émerveille, se sont les enfants de "mare nostrum", le peuple de la Méditerranée. Ma famille.
Telle la palombe ou l’hirondelle, j’ai ma boussole interne.
Ma boussole indique le Sud.
Virginie
Ma sélection d’ouvrages vous invite au débat.
L’histoire n'est-elle finalement qu'un perpétuel renouvellement, une (r)évolution permanente ?
Je vous propose donc de réfléchir sur un des sujets philosophiques du bac de cette année :
Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?
C’est l’occasion pour chacun d’entre nous d’échanger, écouter, analyser, suggérer, se remettre en question, voire de changer d’avis.

Mademoiselle Agnès
Pour extraire de notre patrimoine dix joyaux représentants la diversité des formes, des époques et des cultures, guidée par ma seule Mémoire, j’ai opté pour la méthode de la libre association d’idées empruntée au surréalisme et à la psychanalyse. Sous l’impulsion de l’inconscient, j’ai laissé ressurgir les souvenirs et tel document affleurait car il avait un écho dans ma vie réelle ou spirituelle, et tel autre était suggéré par l’évocation du premier. Sur le chemin ainsi tracé par ma mémoire on croise des drames historiques, des espaces d’aventures, des valeurs humanistes, un zeste de beauté, une "soif d’idéal" quoi !
Nicolas
Un cabinet bien curieux, une sorte de cairn instable : symboles, cadeaux, fictions, traces laissées par le temps, éclats de rire, persistance rétinienne, cailloux à semer, à goûter, chevilles ouvrières, en bref un petit viatique à emporter partout avec soi sans rien dans les poches...

Frédéric
Pourquoi l’oeuvre d’art, dont fait partie le livre bien entendu, continue d’émouvoir les humains en différents lieux et différentes époques alors que les conditions historiques et matérielles de son élaboration n’ont plus cours ?
Cela ne signifie pas que les conditions sociales ne déterminent pas pleinement une oeuvre d’art, cela veut dire simplement qu’elles ne les déterminent pas immédiatement. Une analogie rendra la chose plus claire : lorsque le paléontologue détermine d’après des os, un crâne de mammouth disparu, les dimensions de cet animal, son apparence extérieure, son mode de vie... tout cela n’est pas donné immédiatement au paléontologue, n’est pas une expérience directe, mais constitue des conclusions établies à partir de certaines caractéristiques dont on a immédiatement connaissance (le crâne, les os). De même en art, il faut essayer de reconstituer l’objet d’art en prenant pour base de recherche la différence existant entre un objet esthétique et un objet non esthétique. On se rend compte alors que les éléments non esthétiques de l’oeuvre d’art existent avant elle, comme le mammouth existe avant le crâne étudié par le paléontologue. Le fait nouveau, ici, est "le mode de construction de ces éléments" : la forme artistique. Le contenu de l’art est donc, lui, un fait extra-esthétique.
Voila pourquoi la forme, pour constituer l’objet d’art, doit s’opposer et s’imposer au contenu, les éléments extra-esthétiques du départ de l’oeuvre. C’est la décharge d’émotions suscitée par la confrontation forme-contenu amenant à "une résolution sociale de l’inconscient" que j’ai eu envie de présenter puis de partager à travers quelques livres patrimoniaux : c'est-à-dire ce sentiment qui rend plus humain, liant à la fois l’humanité disparue avec celle en devenir.

Paul
Afin de réussir son voyage il est important et même recommandé de lire nos meilleurs guides...
Louis
Le témoignage, la trace, ce que nos prédécesseurs nous ont laissé depuis la nuit des temps : c’est ce qui m’a toujours attiré dans le patrimoine des bibliothèques. Plus spécialement, les premiers imprimés ont eu pour moi un sens particulier : ces livres du 15e et du 16e siècle qui nous montrent la transition entre deux civilisations, celle où le livre est rare, cher et réservé à une élite et celle dans laquelle nous vivons, où le livre est répandu partout, sert à tout et envahit les bibliothèques.
Le livre, sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui, apparaît au 1er siècle de notre ère. Ce n’est qu’au bout de quinze siècles qu’il connaît une première révolution en passant du manuscrit à l’imprimé. Cinq siècles plus loin, sa forme comme sa production connaissent une nouvelle révolution : qu’en sera-t-il de la place du livre et des bibliothèques dans la communication de demain ?