Éducation artistique et culturelle La danse en Ehpad, ou le mouvement retrouvé

La danseuse Christine Hassis donne un atelier dans l'Ehpad Clairière de Lussy.
Christine Hassid apporte ses talents aux résidents de l'Ehpad la Clairière de Lussy. © Ville de Bordeaux

Série "EAC" (Épisode 3 ) :  La compagnie Christine Hassid Project à l’Ehpad Clairière de Lussy
Lauréate du label 100% EAC "Education artistique et culturelle" remis par le Ministère de la Culture et le Ministère de l'Education nationale, la Ville de Bordeaux déploie de nombreuses actions dans ce cadre pour sensibiliser l’ensemble des publics. Un levier d’éveil et d’émancipation pour les Bordelaises et les Bordelais.

A l’EHPAD municipal Clairière de Lussy (Caudéran), la danse remet le corps en mouvement et les souvenirs en circulation. La compagnie Christine Hassid Project investit les salons pour proposer des ateliers sensibles où chacun retrouve un geste, un souvenir, une grâce. 

La Semaine Bleue (6-12 octobre 2025), créée en 1951, a pour dessein de valoriser la place et le rôle des aînés dans la société, mettre en lumière leurs initiatives et contributions, et sensibiliser le grand public à la solidarité intergénérationnelle.

À cette occasion, la chorégraphe Christine Hassid se rendra deux fois dans l’EHPAD pour poursuivre les ateliers amorcés en 2024, dans le cadre d'un projet de "marrainage-parrainage" de deux ans labellisé Education artistique et culturelle (EAC).

Rencontres et souvenirs

89 résidents âgés de 70 à 102 ans vivent à la Clairière de Lussy. Mobilité, mémoire, capacités cognitives sont souvent inégales, mais chacune des rides qui dessinent leur visage sont les souvenirs de sourires et les testaments de beaux moments. À cet âge, on continue de s’en écrire. 

« Ce projet a réimpulsé le goût du spectacle chez les résidents. »

Comme lorsque la compagnie les accompagne assister à des spectacles de danse à l’Opéra de Bordeaux ou fait intervenir dans la maison de retraite l’étoile Marc-Emmanuel Zanoli. Catherine, l’animatrice de la Clairière de Lussy l’affirme : "Ce projet a réimpulsé le goût du spectacle chez les résidents." Yvette de confirmer qu’elle apprécie à parts égales les différents volets du corpus proposés : rencontres, ateliers et sorties. Une autre retraitée confie que "ça (lui) rappelle quand (elle) allait à l’opéra avec (son) papa."

Les résidents retrouvent le goût des gestes et des pas de danse grâce à la présence d'une artiste professionnelle. © Ville de Bordeaux

Danser, toujours 

Les rayons du soleil de l’été indien traversent la baie vitrée pour inonder le salon de cette maison partagée. Ils sont près d’une quinzaine à venir s’installer pour participer à l’atelier danse qui se tient pendant plus d’une heure et demie cet après-midi. Quatre sont en fauteuils roulants, et autant se déplacent en déambulateur. 

Mais pendant ce moment, ces béquilles seront délaissées. Installés dans leur fauteuil, Violette, Jean-Paul et leurs voisins évoquent le cha-cha-cha, le tango, le swing, le rock et le flamenco. Pour que "piano piano", les pieds commencent à battre la mesure, les mains s’élever et que le "groove" viennent habiter les corps. 

"Dans un Ehpad, une chorégraphie ne distrait pas seulement, elle devient souffle, mouvement, respiration : une fenêtre sur l’extérieur."

Christine Hassid l’appelle de ses vœux : il faut "danser le plus longtemps possible". La tenue, la grâce permettant aux corps d’habiter encore leur enveloppe. L’art est également création et à chacun de concevoir une chorégraphie qui sera reprise par tous les voisins. Et dans le regard d’Yvette, la lumière confirme ce qu’elle énonce avec le sourire : "J’aime danser, cela nous entraîne et nous ramène à ce que nous faisions dans notre jeunesse." La danse, tout à la fois mémoire et avenir.

Dans un Ehpad, une chorégraphie ne distrait pas seulement, elle devient souffle, mouvement, respiration : une fenêtre sur l’extérieur.

La chorégraphe Christine Hassid amène son savoir-faire et son talent aux ateliers EAC. © Ville de Bordeaux