Économie sociale et solidaire Oh lait lait, une laiterie urbaine qui éveille le sens

De gauche à droite : Anouk, Valentin et Anaïs, souriants devant la laiterie urbaine Oh lait lait.
De gauche à droite, Anouk, Valentin et Anaïs, l’équipe de Oh lait lait. © Maud Rieu

Série "En route vers le Forum mondial de l'Économie sociale et solidaire", du 29 au 31 octobre à Bordeaux - (Épisode 6/6).

Face à l’Atelier des Citernes, dans le quartier Amédée Saint-Germain, Oh lait lait transforme du lait produit localement en fromages et yaourts vendus en circuit-court. Un laboratoire de transition écologique et humaine.

Série "En route vers le Gsef 2025"

Le Forum mondial de l'Économie sociale et solidaire (Gsef) à Bordeaux

Avant la tenue de cet événement, découvrez six acteurs bordelais de l'ESS dont l'activité peut inspirer les consommateurs comme les professionnels. Rendez-vous chaque semaine.

GSEF, ESS
Le Gsef se tiendra pour la première fois à Bordeaux, du 29 au 31 octobre © TS - Ville de Bordeaux

Anaïs Grimeau, fondatrice de la laiterie urbaine Oh lait lait l’affirme : “Le monde des laiteries est truffé d’ingénieurs en reconversion.”  Elle sait de quoi elle parle : elle-même ingénieure en aéronautique pendant longtemps, elle a ouvert en 2024 son laboratoire-boutique face à l’Atelier des Citernes, dans le quartier Saint-Jean, où elle fabrique et vend des fromages et yaourts produits à base de lait collecté chez un producteur de la région.

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C'est le nombre de kilos de fromage consommés chaque année par habitant en France, selon le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.

“Dans la fabrication fromagère, il y a beaucoup de sciences pour comprendre comment arriver au meilleur produit. C’est sûrement pour ça que ça parle aux ingénieurs”, ajoute-t-elle.

Les fromages sont fabriqués dans le laboratoire, à l’arrière de la boutique. © Maud Rieu

Écologique et sociale

Au-delà de l’aspect technique, ce changement de cap correspond surtout à un alignement entre ses valeurs et sa profession. “Il manquait un sens à toute l’énergie que je mettais au travail, même si j’adorais mon métier. Je voulais avoir un impact positif sur la transition écologique. J'avais commencé une autre reconversion dans le domaine de l'habitat participatif. Mais ce n'était pas le bon moment, ni le bon sujet.”

Être dans l’ESS, ça nous pousse à nous dépasser dans des directions qu'on ne prendrait pas naturellement. "

Par hasard, Anaïs Grimeau découvre les laiteries urbaines. “J’ai de suite su que c’est ce que je voulais faire. Ce sont des entreprises à impact, vu qu’on défend une agriculture plus durable. Il y a un volet social parce qu’on rémunère mieux les éleveurs, et aussi un axe créatif avec la fabrication des produits laitiers.” Après 2 ans de formation, stages et accompagnement entrepreneurial, Oh lait lait s’est implantée en 2024 au cœur d’Euratlantique, et Anaïs s’est entourée d’un employé, Valentin, et d’une alternante, Anouk.

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C’est le nombre de fromages français répertoriés par le Centre National Interprofessionnel de l’Économie Laitière.

Valeurs communes

Depuis, chaque lundi, ils collectent du lait chez Marc Lionard, éleveur en Charente-Maritime et membre de l’Association des herbagers pâturants du Sud-Ouest. “C'est une association qui milite pour le retour des animaux au pâturage. Marc Lionard est un jeune éleveur qui a repris la ferme de ses grands-parents et s’est engagé dans une production laitière plus respectueuse de l’environnement et de l’animal. On s’est trouvé sur le plan des valeurs et comme on travaille du lait cru, la relation de confiance est essentielle.” 

Les fromages sont aussi affinés sur place. © Maud Rieu

Le reste de la semaine se partage entre production et vente à la boutique.  « En France, on a des centaines de fromages, mais peu de nouveaux. Nous, on expérimente, on invente », raconte Anaïs. Certaines recettes sont même cocréées avec des restaurateurs ou traiteurs qui souhaitent proposer leur propre fromage signature.

L’importance de l’ESS

Des ateliers participatifs permettent de fabriquer son fromage, comprendre le rôle du lait cru ou les enjeux d’une alimentation plus responsable. Une première étape vers un futur axe fort du projet : l’éducation au bien manger. “Ça, ça sera pour quand j’aurai du temps. Pour l’instant, ça me manque cruellement” rigole-t-elle. 

Nous, on expérimente, on invente "

A la fin de la rencontre, Anaïs insiste pour citer Bordeaux Métropole et la Région Nouvelle-Aquitaine qui soutiennent financièrement sa structure comme actrice de l’économie sociale et solidaire. “Bordeaux est une ville où l’ESS est vraiment soutenue, ce n’est pas forcément le cas partout donc il faut le souligner. Être dans l’ESS, ça nous donne un cap, ça nous pousse à nous dépasser dans des directions qu'on ne prendrait pas naturellement. Pas forcément les plus lucratives mais au moins je suis en phase avec mes valeurs.”

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