Économie sociale et solidaire "Une forme de subversion à cultiver" : après le Forum mondial de l’ESS, passer des paroles aux actes
Mis à jour le 3 novembre 2025
Le Forum mondial de l’économie sociale et solidaire s’est terminé à Bordeaux, après 3 jours de rencontres (29-31 octobre) entre acteurs de la solidarité du monde entier. Comment passer à l’action désormais ?
Tout s’est terminé sur un air de samba, pour symboliser le passage de flambeau. Vendredi 31 octobre, dans l’après-midi, en clôture du Forum mondial de l’économie sociale et solidaire 2025 (GSEF), le maire de Bordeaux et président du GSEF Pierre Hurmic a annoncé que la ville de Marica au Brésil sera la prochaine organisatrice de l’événement en 2027.
10 800
Le nombre de participants au GSEF 2025
« Pendant trois jours, nous avons fait le plein d'optimisme. Faites en sorte que la vague d'optimisme qui part ce soir de Bordeaux fasse le tour du monde ! », a-t-il clamé.
L’heure du bilan
Que retenir de cette 7e édition du Forum mondial de l’ESS ? L’entrain collectif et l’envie de changement, déjà, qui ont surplombé l’événement pendant trois jours. Et ce fil rouge entre tous les échanges variés : comment replacer l’humain au cœur de l’action politique et économique pour réinventer un modèle plus solidaire, plus pacifié où le profit n’est pas l’objectif premier ?
Pendant trois jours, nous avons fait le plein d'optimisme."
Vaste sujet dont la réponse reste à construire, mais l’objectif était ailleurs. Au Palais 2 l’Atlantique, à la Cité Bleue ou au Hangar 14, les 10 800 participants de plus de 100 nationalités ont échangé et partagé leurs expériences, partant du principe qu’une coopérative d’Amérique du Sud peut inspirer une start-up de Côte d’Ivoire, qu’un projet associatif français peut prendre exemple sur un projet indien, tant que celles et ceux qui les portent partagent une même vision du monde.
Un participant colombien, croisé vendredi après-midi, résumait ainsi : « On a tous réalisé qu’il y a un vrai mouvement global pour le changement. Ça remotive ! »
Place aux jeunes
Vendredi après-midi, l’humeur était à l’optimisme, donc, et à l’énergie du changement. Une "déclaration pour une paix durable" lue sur la scène du Palais de l’Atlantique, a appelé à « la fin des conflits en cours. (...) Sans justice sociale, il ne peut y avoir ni compréhension ni coopération L’ESS est, sans aucun doute, une économie de la paix. »
"Trop souvent, les jeunes sont écartés des espaces où se décident les politiques publiques."
Quelques instants plus tard, une cinquantaine de membres du « pôle jeun’ESS », venus du monde entier, ont lu leur plaidoyer avec un constat simple : "Trop souvent, les jeunes sont écartés des espaces où se décident les politiques publiques, alors même qu’ils en subissent les conséquences."
Les objectifs du pôle jeun’ESS tiennent en six points : vivre dignement, travailler et gouverner autrement, agir ensemble, protéger le vivant et construire la paix.
« L’avenir n’est pas écrit »
En clôture du GSEF, tous et toutes ont verbalisé la nécessité de ne pas s’en arrêter qu’à des mots lus sur scène, « en déployant des efforts sur nos territoires pour faire connaître et reconnaître l’ESS et ses ambitions », explique par exemple la « Déclaration de Bordeaux », tribune qui donne la direction politique souhaitée par les participants.
8 665
Le nombre de kilomètres qui séparent Bordeaux de Marica (Brésil), prochaine ville organisatrice du Forum mondial de l’ESS.
Des groupes de travail devraient être mis en place pour concrétiser les engagements pris comme des sursauts pour bousculer l’avenir. « Sept des neuf limites planétaires sont dépassées, les inégalités à l’intérieur de chaque pays s’accroissent, jamais le monde n’a connu autant de conflits depuis 1946 et les démocraties sont en recul. Mais l’avenir n’est pas écrit. Loin de là ! », détaille la Déclaration de Bordeaux.
« L'économie sociale et solidaire porte en germe une forme de subversion qu'il nous faut cultiver », a ajouté Pierre Hurmic. Rendez-vous au Brésil dans deux ans, pour voir si les graines de l’optimisme ont porté leurs fruits.