Groupe Bordeaux en luttes - Septembre 2023

Solidarité avec la jeunesse qui s'est soulevée dans les quartiers populaires

Le magazine est prévu de paraître à la mi-septembre, cette tribune est rédigée début juillet. Il est donc possible qu'il y ait un décalage entre l'actualité du moment et celle de la rentrée. Le fait est, qu'au moment où nous écrivons, nous sommes seulement quelques jours après l'explosion de colère de très nombreux jeunes dans les quartiers populaires à la suite du meurtre de Nahël à Nanterre.

A ce sujet, en plein dans les évènements, le débat est très difficile, y compris entre les élu-es, par exemple lors du conseil métropole du 30 juin. "Bordeaux en Luttes" étions les seul(es) à ne pas condamner les émeutes, les seul(es) à ne pas appeler au calme. La droite et la gauche étaient fortement indignés par la violence de la révolte et choqués par l'expression de notre solidarité à l'égard de cette jeunesse.

Nous tenions effectivement à expliquer à quel point cette colère était justifiée, légitime, compréhensible. Tant il y a de violences du système au quotidien, des agissements de la police, de ses contrôles au faciès, du racisme dans la police et dans les institutions, du mépris et des discriminations multiples, de la pauvreté, du chômage (autour de 30-40 %), du mal logement, du manque d'avenir... ça fait beaucoup, beaucoup trop.

Tout le monde savait que la situation était explosive. La brutalité de la crise est plus terrible dans les quartiers populaires. Les habitant-es encaissent et souffrent en silence jusqu'au jour où...

L'étincelle ce fut ce policier qui tue à bout portant un jeune, sans raison. L'étincelle ce fut cette vidéo qui met en évidence les mensonges des policiers et leur impunité. Alors ça pète, normal.

Il ne s'agit de dire que bruler, casser des commerces ou des lieux publics c'est bien. Il s'agit juste de constater que la colère s'exprime comme elle peut, désorganisée, brutale, sans espoir même. Mais on se doit de comprendre ce qui se passe. Sans jugement, sans morale. Comprendre que la situation est insupportable, injustifiable, qu'il y a trop d'inégalités sociales, trop d'injustices, trop de violences subies au quotidien.

Il est à noter que l'indignation contre les écoles brûlées ou les magasins pillés a été forte, à grands cris de condamnation. On peut comprendre. Mais bizarrement, on n'entend pas les mêmes indignations quand un bureau de poste ferme dans un quartier populaire, quand une classe d'école est supprimée, quand les services des urgences restreignent leurs horaires et leurs services, quand les loyers augmentent brutalement, quand les gens ne peuvent pas se soigner ou s'alimenter correctement...

Il faut croire que la destruction organisée des services publics, que le chômage et la précarité, ça fait partie des valeurs de la république. Alors oui, la révolte et les soulèvements populaires peuvent être salutaires, en tout cas c'est souvent un cri de désespoir, de dignité. Il faut y répondre politiquement, par des actions sociales, pas par la répression qui n'y changera rien, à part ajouter de l'injustice à de la colère légitime.