Ouverture du tombeau présumé de Montaigne

Publié le 22 novembre 2019
Mis à jour le 18 septembre 2020

Plus de 4 siècles après le décès du célèbre philosophe, sa dépouille est-elle encore au musée d'Aquitaine ? Une première fouille archélogique a permis de mettre à jour deux niveaux du tombeau découvert. Une deuxième fouille va être lancée afin de procéder à l'ouverture du contenant en plomb dans lequel se trouverait la dépouille de Montaigne.

Chronologie des recherches

Du 18 au 22 novembre 2019, une première campagne de fouilles archéologique a été menée après la re-découverte du tombeau présumé de Michel de Montaigne dans les sous-sols du musée d'Aquitaine.
Celle-ci a permis de mettre à jour le contenu des deux niveaux du tombeau :
  • à l'étage supérieur, un cercueil en chêne, en très bon état de conservation, renfermant un contenant en plomb, lui aussi relativement bien conservé, dans lequel les archéologues ont pu constater la présence d'ossements.
  • à côté du cercueil, un cylindre en plomb contenant une bouteille en verre, à l'intérieur de laquelle se trouve une feuille de papier, vraisemblablement le procès-verbal de réinhumation de la dépouille du philosophe en 1886, comme l'indiquent les textes conservés dans les archives de la ville.

Cette première campagne de fouille a également permis à l'équipe scientifique d'effectuer différents prélèvements et analyses : bâti du tombeau, paléogénétique...

Une seconde phase a été lancée du 14 au 18 septembre 2020 afin depoursuivre les investigations et, en particulier, procéder à l'ouverture du contenant en plomb dans lequel se trouverait la dépouille de Montaigne. Avec l'ouverture du contenant en plomb, les archéologues vont pouvoir procéder à l'analyse des restes osseux et du mobilier funéraire éventuel.

Après la seconde phase de fouilles, les scientifiques vont tenter de déterminer s'il s'agit bien du corps du philosophe grâce à un faisceau d'indices relevés sur la dépouille : estimation de l'âge, détermination du sexe, présence ou non de calculs rénaux (dont Montaigne souffrait), présence d'objets…

 

Sur les traces de Montaigne (vidéos)

Après une 1ère campagne de fouille initiée en 2019 sur le tombeau présumé de Michel de Montaigne, une seconde phase s'est déroulée du 14 au 18 septembre 2020. L'équipe scientifique a procédé à l'ouverture du cercueil retrouvé dans les sous-sols du musée...
Réalisation : Pauline Coste / Production : Enfant Sauvage

Les questions

Fin 2018, des observations ont été effectuées dans le tombeau présumé de Michel de Montaigne, implanté dans les sous-sols du musée d'Aquitaine. Elles ont permis de constater la présence d'un cercueil en bois avec une plaque en cuivre doré portant l'inscription "Michel de Montaigne" ainsi qu'un crâne.

Si l'existence de ce tombeau est attestée depuis 1886, de nombreux doutes subsistent. En effet, les restes de Michel de Montaigne ont connu au fil des siècles d'importants déplacements, en raison des multiples évolutions architecturales qu'a connu le couvent des Feuillants, où Montaigne fut inhumé initialement, remplacé successivement par le Lycée de Bordeaux puis la Faculté des sciences et lettres (aujourd'hui, le musée d'Aquitaine).

Est-ce que le cercueil qui se trouve dans les sous-sols du musée d'Aquitaine abrite bien les restes de Michel de Montaigne ? À qui appartient le crâne placé dans la partie inférieure du tombeau ? Quelle est l'histoire de ce monument et des restes qu'il contient ?
Pour tenter de répondre à ces questions, il est apparu nécessaire d'entreprendre des fouilles archéologiques.

Pour mener à bien les travaux, diverses pistes d'analyses et d'études sont lancées : recherches d'archives, fouille du tombeau, analyse des restes osseux, reconstitution 3D.

L'opération de fouille est pilotée par Hélène Réveillas, archéo-anthropologue au Centre Archéologie Préventive (CAP) de Bordeaux Métropole et rattachée au laboratoire PACEA (CNRS, Université de Bordeaux), accompagnée de trois  autres spécialistes : Juliette Masson (CAP et Ausonius, Université Bordeaux Montaigne), pour l'étude du bâti, Hubert Pradier pour les relevés topographiques (Géosat) et Loïc Espinasse pour les relevés 3D (Archéovision, Université Bordeaux Montaigne). Plusieurs chercheuses interviendront également ponctuellement : Christelle Belingard (Géolab, Université de Limoges), pour les analyses sur le bois de cercueil, et Marie-France Deguilloux (PACEA), paléogénéticienne qui effectuera les analyses ADN.

 

Les péripéties de la dépouille de Montaigne

  • 1592 : Michel de Montaigne décède en son château de Saint-Michel-de-Montaigne. 
  • 1593 : Son cercueil est installé dans la chapelle du couvent des Feuillants à Bordeaux, à l'emplacement de l'actuel musée d'Aquitaine. 
  • 1603 : Le cénotaphe et le cercueil de Montaigne sont installés dans l'église rénovée des Feuillants.
  • 1802 : Le couvent des Feuillants est remplacé par un lycée ; le cénotaphe et le cercueil sont alors installés dans la chapelle du lycée.
  • 1871 : La chapelle du lycée est incendiée. Les restes de Montaigne sont provisoirement transportés au dépositoire du cimetière de la Chartreuse à Bordeaux.
  • 1886 : Les restes sont une nouvelle fois déplacés dans la nouvelle faculté des sciences et lettres, dont on achève la construction à l'emplacement de l'ancien couvent des Feuillants. Le tombeau, réalisé par l'architecte Charles Durand pour le compte de la ville de Bordeaux, est alors placé presque à l'aplomb du cénotaphe, qui lui-même est installé dans le hall de la faculté.
    Depuis cette date, le tombeau n'a jamais été ouvert.
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