Jeunesse 1000 professionnels déjà formés pour mieux accueillir la parole des enfants

Des enfants vont entrer à l'école
17 000 enfants sont scolarisés dans les écoles publiques bordelaises. © Ville de Bordeaux

Comment mieux appréhender la parole de l’enfant dans des situations "complexes" ? La direction de l’Éducation et la santé scolaire de la Ville de Bordeaux ont fait aboutir en ce premier semestre 2025 un processus efficace de sensibilisation transversale des agents travaillant auprès des enfants. Une initiative innovante et utile, saluée par les professionnels.

À Bordeaux, 17 000 enfants de 3 à 12 ans sont accueillis dans les écoles publiques et les centres de loisirs de la Ville. Pour les accompagner, 3000 professionnels (enseignants, animateurs et agents des écoles), travaillent au quotidien pour contribuer à leurs apprentissages et à leur épanouissement. C’est ce public de professionnels que les services de la Ville ont visé à travers une campagne de sensibilisation inédite imaginée dès l’année 2022 et mise en application début 2025.

Les premiers retours signalent une plus grande confiance dans la réponse commune désormais apportée.

Ce projet collectif, bâti en collaboration avec l’Education Nationale et ses psychologues et directrices et directeurs d'école, la Gendarmerie Nationale et le Département, a déjà permis de toucher 1000 agents en trois mois de campagne. Avec efficacité. Les premiers retours signalent une plus grande confiance dans la réponse commune désormais apportée.

Accueillir pour mieux traiter

Le projet vise à résoudre des situations parfois délicates. Mieux accueillir les prises de parole de l’enfant mentionnant des maltraitances physiques ou psychologiques, des faits problématiques autour de la découverte du corps entre enfants, c’est répondre au devoir de protection de l’enfant et mieux gérer l’inquiétude de parents. Des situations mal cernées par le passé avaient pu parfois couper la communication entre communauté éducative et familles.

Pour écouter des enfants, notamment dans un jeune âge, des règles essentielles peuvent être suivies. © Shutterstock

Comment bien gérer ces situations et comprendre les suites à donner ? Qu’il s’agisse de mots relatifs à des faits s’étant déroulés à l’école, ou en dehors, les encadrants sont désormais mieux armés pour gérer ces moments et accueillir cette parole grâce à un dispositif pensé par les services et détaillant une approche précise de l’échange enfant-adulte.

Des règles d’or

Projetée aux personnels, une capsule vidéo décrivant des situations réellement rencontrées sur le terrain, bien évidemment anonymisées, a été réalisée en interne. Un livret l’accompagne détaillant une approche concrète et réfléchie. Les règles d’or : ne pas faire répéter une réponse à l’enfant, poser des questions ouvertes et non fermées, ne conserver qu’un interlocuteur unique et non pas disperser les échanges car l’enfant choisit consciemment la personne à qui il se confie, et noter précisément ses réponses à l’écrit. 

Institution

Le CRIP

La Cellule de recueil des informations préoccupantes du Département (CRIP) est la cellule de prise en charge des situations signalées et soulignant un risque ou un danger pour l’enfant. 

"Ce dispositif a beaucoup rassuré les agents dans leur pratique. Ces situations théoriques correspondent à des choses qu’ils ont vécues", souligne le Dr Marie Decroix, responsable du service des médecins de la Santé scolaire.

Un investissement du personnel

"Ces cas peuvent porter une grande charge émotionnelle chez tout le monde. L’idée, c’était de former les équipes pour apprendre à devancer les situations de crise. Et certains responsables d'école nous ont indiqué que la capsule les avait réellement pris aux tripes", explique Jérôme Bineau, directeur du service Éducation.

L’agent doit ainsi identifier les personnes ressources si les paroles ont besoin d’être remontées. 
« Chaque situation est unique. Il faut s’en tenir aux faits et aux paroles prononcées. L’agent doit aussi comprendre qu’il n’est pas chargé d’une enquête. Mais il fait partie de sa mission de service public d’accueillir la parole de l’enfant et d’alerter si nécessaire les services compétents », explique le Dr Marie Decroix.

"Construire une culture commune"

Cette opération au budget nul a entièrement reposé sur la conviction et l’investissement en temps des agents mobilisés. Un projet qui va toucher progressivement les 117 écoles de la ville. Les premiers bons retours ont même permis d’envisager une généralisation de l’opération dans l’ensemble des établissements scolaires du Département. 

L’enfant n’est pas saucissonné entre les différentes institutions. On porte le même message.

"Nous construisons une culture commune autour de l’accueil de la parole de l’enfant. L’enfant n’est ainsi pas saucissonné entre les différentes institutions. On porte le même message", indique Jérôme Bineau. Les professionnels des PMI (Protection maternelle et infantile, gérée par le Département) et de la santé scolaire (Education Nationale), et les assistants sociaux sont aussi concernés par l’opération après avoir participé au développement du projet.