Moi, c'est Jean-Paul, je suis un des cofondateurs de Dolist. Dolist, on est un éditeur logiciel dans le marketing par e-mail. Notre métier consiste à professionnaliser l'envoi de messages e-mail et SMS pour le compte de nos clients. Richard Laisney, je suis directeur des systèmes d'information pour Strategir. On fait des études de marketing et on est conseil stratégique pour des entreprises dans différents secteurs. Paul Lefebvre, je suis onsultant RSE pour un groupe qui réunit six cabinets d'expertise comptable, d'audit, de conseil, etc. Qui dit expertise comptable, audit, dit numérique. On a vraiment commencé à s'intéresser à la RSE vers 2022, 2021. À partir de là, on a commencé à faire des diagnostics pour mesurer. On a fait un diagnostic avec Zei. On est dans cette phase de formalisation, et comment ensuite, on va pouvoir créer un plan d'action pour aller encore plus loin et que ce soit concret et qu'il y ait un impact. Si on focalise un peu sur ce sujet du numérique responsable, le premier sujet, c'est effectivement la fabrication du matériel, la durée de vie du matériel. Je pense que ça dépend de ce que l'on a envie de faire. On va diviser en trois parties la vie de l'ordinateur. On va s'occuper de l'achat. Nous, ce qu'on a mis en place, c'était de rechercher un fabricant qui a une attention toute particulière
à la consommation de carbone quand il construit son matériel. Aussi, penser au score de réparabilité. Avec LaCollecte.tech, on se dit qu'effectivement, on peut aller jusqu'à 5 ans. Mais comme la durée de vie d'un ordinateur, c'est 7 ans, on va se dire qu'on va garder ces deux ans-là pour un autre objectif aussi. Je ne suis pas certain qu'on doit forcément aller jusqu'à la fin de vie de l'ordinateur en entreprise parce qu'en tant que DSI, ça veut dire peut-être plus de support sur le matériel. Si on peut le passer à un reconditionneur qui va remettre en place bien l'ordinateur et pouvoir le redonner pour une cause sociétale, locale en plus, pour nous, c'est tout bénef. Pour certains autres équipements, comme l'impression, on passe par du reconditionné. On s'est associé avec des constructeurs. On a réfléchi à comment on pouvait changer aussi le process d'impression chez nous. On a supprimé tous les petits points d'impression qu'on avait avant. Sur cette thématique-là, vous êtes un petit peu plus en avance que nous. Par exemple, grâce à Bordeaux Métropole, on était en train de participer un événement en parallèle qui était sur une bourse d'échanges RSE. C'est à ce moment-là qu'on s'est dit : « On va arrêter de ne travailler qu'avec Ecomicro. On va laisser à Ecomicro justement tout ce qui ne fonctionne plus en termes de matériel, tout ce qui est mort, et par contre travailler avec Emmaüs Connect pour le matériel qui est encore bon. » Là, on en vient aussi à des sujets de... Des habitudes de travail des collaborateurs. Comment j'ai besoin d'utiliser un document ? Est-ce que je l'imprime ? Comment est-ce que j'ai besoin de partager un document ? Est-ce que je le mets dans le mail en pièce jointe et je le multiplie par 20 ? Est-ce que j'utilise un serveur partagé ? Il faut aussi guider les utilisateurs dans ces usages, leur montrer que c'est un changement, certes, mais que c'est aussi simple, voire plus pratique. C'est trouver une plus-value à une utilisation différente du numérique pour les utilisateurs et que cette façon soit bénéfique d'un point de vue environnemental. Comment vous faites pour impulser ce changement d'habitude ? Un des points difficiles, c'est de s'assurer qu'effectivement, il y a une constance d'action, qu'on arrive à générer du changement et surtout, qu'on reste constant dans le temps. Effectivement, on s'est appuyé sur les managers, on a écrit notre plan d'action et régulièrement, on fait le point avec eux pour voir où est-ce qu'ils en sont. Surtout, on essaye avec eux de définir des KPIs. Ça, c'est d'ailleurs un sujet un peu des fois compliqué. C'est-à-dire, comment est-ce qu'on fait pour mesurer ce qu'on fait ? Ce qui permet d'avoir une permanence de l'action. Ce plan, en fait, on l'a partagé avec tous. On l'a travaillé avec les différents managers. Une des difficultés aussi que l'on a eues, c'était de dire : « OK, mais le boulot à côté enfin ? » On s'est dit qu'il fallait vraiment qu'on mette au centre ce sujet-là et ne pas dissocier finalement la stratégie de l'entreprise de sa démarche RSE ou numérique responsable. Tout ce qui est sensibilisation, tout ce qui est remontées permet d'avoir ce dialogue et crée ces espaces de discussion entre les dirigeants et justement les équipes. Mettre tout ça au même niveau et se dire : « Bon OK, nous les dirigeants, on a notre idée du numérique responsable, de la mobilité responsable ou autre et les équipes ont aussi leurs idées, et c'est vrai que les unes peuvent s'influencer et créer de belles surprises. » Il faut véritablement l'inclure dans le quotidien, il faut que ce soit piloté, il faut que ces objectifs soient clairs, il faut que les managers qui portent ces objectifs les fassent redescendre et animent ça au niveau des équipes. On parle des choses qui ne sont pas forcément bonnes avec l'informatique, avec l'impact que ça a, mais on peut régler aussi des soucis avec l'informatique, avec l'automatisation des choses. On s'est rendu compte qu'on conservait des études de marché qu'on avait depuis les années 2000. On est en train de refaire notre charte informatique actuellement, pour des raisons aussi de sécurité et d'autres thématiques, et on y incorpore effectivement un socle RSE. Le problème de ces documents, c'est que c'est un peu une façon... Ils sont là, on l'a fait, on s'est protégé, on a dit aux collaborateurs de le lire, mais on ne sait pas ce qui se passe. Il faut l'accompagner. Il faut l'accompagner dans l'utilisation et effectivement la faire vivre. Nous, on est allé chercher aussi une labellisation. On est labellisé numérique responsable niveau 1. Donc ça, ça veut dire que c'est aussi une reconnaissance de notre démarche que l'on a mise en place, non seulement une évaluation, mais on s'est engagé dans une démarche. Donc, on a engagé nous-aussi là-dessus une sensibilisation de nos partenaires, de nos parties prenantes et donc de nos fournisseurs. Même si on n'en est pas du tout à dire à ce fournisseur : « On ne travaille plus avec toi aujourd'hui parce que ci, parce que là. » En tout cas, on leur montre bien qu'on est très attentif
et que peut-être qu'on va venir à ce genre de choses dans la sélection de nos fournisseurs. Voilà, il y a un autre sujet après qui est intéressant aussi, c'est toute la partie, on va dire logiciel ou éco-conception, parce que là, on s'est aperçu effectivement qu'on avait empilé tout un tas de logiciels. Il y a véritablement un travail de rationalisation. Et d'hygiène. Et d'hygiène pour savoir ce dont on a besoin. Derrière le coût, il y a le stockage, il y a la maintenance, il y a tout un tas de considérations, il y a de la puissance machine nécessaire pour tout ça. On peut limiter l'espace de stockage que nous donne automatiquement un fournisseur de cloud. Quand on va avoir un utilisateur qui va venir nous voir et qui va nous dire : « Je n'ai plus de place. », on va essayer de discuter avec l'utilisateur. Comment ça se fait qu'il n'ait plus de place ? « J'ai mis toutes mes photos dessus perso. »
« Écoute, peut-être que ce n'est pas le bon endroit pour tes photos. » Ou : « Non, je génère beaucoup de données par rapport à mon métier et je n'ai plus de place. » Oui, on va créer à ce moment-là des espaces plus rands pour ces utilisateurs. Là, on est sur des sujets d'infobésité qui génèrent l'achat de disques, de sauvegarde, de systèmes, de cloud, etc. Là, on est à l'inverse des GAFAM qui nous expliquent qu'on pourrait avoir plusieurs tera de plus pour quelques euros par mois. Le Cleanup Day, on trouve que c'est très bien, parce que c'est une opération publique, où tout le monde participe, mais faire un nettoyage une fois par an, c'est totalement aberrant. On en fait deux, mais surtout, on essaye d'apprendre aux utilisateurs comment est-ce qu'on fait pour ne plus faire de Cleanup Day, que finalement ce que l'on ait soit le nécessaire que l'on a. C'est un secteur qui est particulier puisque son impact est caché. Littéralement, le cloud, il y a cet effet où c'est léger alors que ça ne l'est pas. - Les prochaines étapes, alors ? - Justement, j'allais rebondir. Déjà, poser ce cadre, créer ces espaces pour changer la culture, comprendre aussi les gros enjeux du numérique parce qu'on est quand même un métier où on manipule des informations sensibles, où on n'en a pas forcément parlé, mais où l'intelligence artificielle arrive aussi et donc comment l'utiliser, ne pas trop l'utiliser, et comment manipuler des données de manière totalement sécurisée dans ce contexte-là. C'est vraiment le plus compliqué, je pense, contrairement à un matériel sur lequel on peut avoir un peu plus la main, sur lequel on peut se dire : « Là, on allonge la durée de vie. » On aimerait en sortir une politique d'achat responsable avec un focus particulier sur le numérique responsable, un plan d'action mesurable, et surtout sentir que la culture de notre entreprise change sur ces sujets-là et qu'il y a ce réflexe qu'on n'a pas forcément de base. Nous, les prochaines étapes, c'est de mettre en place cette charte informatique. Le deuxième objectif, chaque fois qu'on va mettre en place de nouveaux systèmes, on va réfléchir à ce cycle de vie de ce nouveau service et on va se poser des questions sur comment on peut faire pour éco-concevoir ce service-là, même s'il est numérique. Par rapport aux nouvelles technologies qui arrivent, c'est de se poser aussi la question de : « Même si j'en ai besoin, comment je peux utiliser ça en mélangeant low et high tech ? » Ce sont les fondamentaux de l'éco-conception. Oui. Les fameux trois U. Est-ce que c'est utile, est-ce que je dois le faire ? Est-ce que ça va être utilisable et est-ce qu'au final, c'est utilisé ? Cette maîtrise-là. Je crois qu'un des gros challenges pour nous maintenant, c'est d'avoir une mesure précise du résultat de ces actions. Quels sont les KPIs ? Pour nous, c'est le challenge de cette troisième année, puisqu'on a mesuré tout un tas de choses, et ce qui va nous permettre ensuite, sur cette expérience de trois ans de plan, de construire un nouveau plan, certainement triennal aussi. Le numérique responsable dans une entreprise, c'est l'affaire de tous. Ça doit devenir vraiment un réflexe.