Projet urbain Bordeaux et son projet urbain : ce vert qui se trame en ville...
Publié le 28 mai 2025

Série "Bordeaux et son projet urbain aujourd'hui et demain" (Épisode 4) - Parce qu’ils améliorent la biodiversité, la santé physique et psychique, qu’ils constituent des lieux de vie sociale essentiels, où l’on se repose, on mange, on discute, on court, on flâne ou on rêve, les espaces de nature apparaissent comme une vraie richesse du XXIe siècle. Une dimension explorée par le projet urbain bordelais.
Côtoyer la nature constitue une aspiration forte des citadins. La ville offre et offrira à toutes et tous la possibilité d’y avoir accès, et pas seulement à celles et ceux qui ont la chance de vivre à proximité des parcs ou d’avoir leurs propres jardins. Les espaces publics végétalisés sont le jardin de celles et ceux qui n’en ont pas.
Bordeaux compte moins d’espaces végétalisés par habitant que la plupart des grandes villes françaises. Ces espaces sont, par ailleurs, inégalement répartis. Dans les quartiers Sud, de Nansouty aux abords de la gare Saint-Jean, sur la rive droite à la Bastide, les jardins privés agrémentent les maisons d’échoppes.
Une végétation à conquérir
Ils contribuent à la respiration du quartier, de même qu’à l’ouest, à Saint-Augustin et Caudéran, qui peut être considéré comme une véritable ville-jardin à valoriser. Mais excepté les parcs, peu de végétation occupe l’espace public.
Dans le centre ancien, les quais apportent un espace important de respiration, mais par son histoire, il pâtit d’un manque de végétation, publique ou privée.
La trame verte bordelaise s’appuie sur la nature déjà présente qu’il est nécessaire de préserver, de protéger et de partager.
Cette double perspective fonde la trame verte bordelaise, qui guide tous les aménagements réalisés. Conçue avec l’a’urba, elle s’appuie sur la nature déjà présente qu’il est nécessaire de préserver, de protéger et de partager. Il devient possible, sur cette base, d’identifier les zones déficitaires, les ruptures écologiques – c’est-à-dire les interruptions dans les successions d’espaces de nature – et d’établir un plan d’action visant à restaurer les continuités écologiques et à renaturer les quartiers qui en manquent.
Elle guide aussi la végétalisation et la perméabilisation des espaces publics et privés, et veille à ce que le cycle naturel de l’eau soit retrouvé grâce aux aménagements urbains réalisés : c’est le concept de ville éponge.
Interview d'Isabelle Andorin
Isabelle Andorin est Géographe-urbaniste associée dans le bureau d’études ALTO STEP , spécialisé dans l’adaptation des territoires aux défis climatiques et la résilience urbaine.
" Les villes doivent faire face à un dérèglement brutal et irréversible du climat. Elles sont contraintes de s’adapter,
doivent prendre en compte les sécheresses à venir, les inondations, les îlots de chaleur, l’épuisement accéléré des ressources planétaires. Elles peuvent aussi être des réservoirs de biodiversité."
"Cela fait 50 ans que l’on étale nos villes, lesquelles se sont déjà historiquement implantées sur les terres les plus fertiles, or le sol est aussi précieux que l’eau. Depuis les Trente Glorieuses, on réalise les villes de manière très technique en donnant énormément de place à l’automobile (voies de circulation, rayons de courbure, stationnement…). Les rues qui étaient autrefois dédiées aux habitants ont été progressivement "offertes" aux voitures. Or 40 % des trajets quotidiens font moins de 3 km et 90 % du temps une voiture reste garée !"
Bordeaux, comme toutes les métropoles, aurait intérêt à aller vers un équilibre, à ne plus s’étendre, à se reconstruire sur elle-même.
"Bordeaux a entre autres atouts celui d’être une ville plate : les mobilités douces peuvent s’y développer. Comment rendre la ville attractive afin que les gens n’aient pas envie d’aller loin ? Il faut la rendre très verte. Un arbre équivaut à cinq climatiseurs, c’est – 2 °C ou – 3 °C. Une ville très verte c’est aussi moins 35 % de mal de dos, moins 25 % de taux de dépression…"
"Travailler sur la résilience urbaine, c’est penser frugalité et sobriété. Comment réutiliser, comment réparer ? Bordeaux, comme toutes les métropoles, aurait intérêt à aller vers un équilibre, à ne plus s’étendre, à se reconstruire sur elle-même. Cela implique de réparer les bâtiments existants, d’isoler, de rehausser, de réutiliser les friches urbaines pour construire, pour restaurer les continuités écologiques, les trames vertes, bleues et brunes… La ville de 2050 est là à 80 %."
On peut réinvestir la cour comme outil pédagogique. On crée plusieurs ambiances, des coins lecture, des potagers… Les enfants y sont plus calmes, la nature les apaise."
"Avec le projet des « cours buissonnières », ALTO STEP est en train de désimperméabiliser et de végétaliser les 142 cours d’écoles et de crèches de la ville Bordeaux. Les résultats sont extraordinaires ! On peut réinvestir la cour comme outil pédagogique. On crée plusieurs ambiances, des coins lecture, des potagers… Non seulement les cours végétalisées sont plus fraîches, mais les enfants y sont plus calmes, la nature les apaise."
"On peut rêver d’une métropole très verte, bien reliée par le TER aux villes moyennes alentour ; avec des rues réinvesties par les habitants, des rues-squares, un espace plus partagé, des voitures en autopartage… Une ville tournée vers l’humain et les échanges ; une ville du réemploi et qui utiliserait des énergies locales."